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Massavana, du Meermin à Robben Island

Schémas du Meermin, négrier de la VOCOn connait suffisamment l’histoire épique de Nelson Mandela, le plus célèbre des prisonniers de Robben Island ; illustre membre du centenaire parti politique panafricaniste de l’African National Congres (ANC) crée en 1912. Celle de Massavana, un héroïque résistant au Yovodah, qui  a également séjourné à Robbeneiland près de deux cents (200) ans avant Madiba, mérite assurément d’être tout autant connue et enseignée aux Panafricains.

Le 20 janvier 1766, le Meermin, un bateau négrier de la Vereenigde Oost-Indische Compagnie   (la fameuse VOC) déporte plus de cent cinquante captifs nègres, pour la plupart âgés de seize ans, depuis Tulear (à Madagascar) vers la colonie hollandaise du Cap de Bonne Espérance ; à l’extrême sud de l’Afrique. La « Compagnie néerlandaise des Indes orientales » possédait des comptoirs et colonies sur les côtes de l’actuelle Afrique du Sud jusqu’au Mozambique, où son nombreux personnel – ainsi que les colons européens qu’elle y installait – utilisait des dizaines de milliers de captifs nègres d’Afrique et d’Asie comme bêtes de somme.

Ce bétail humain était transporté sur les bateaux négriers de l’immense flotte maritime de la VOC ; probablement le plus important armateur européen entre 1650 et 1750. Un trafic négrier particulièrement lucratif pour la compagnie, mais aussi et surtout pour ses personnels locaux – notamment les tout-puissants gouverneurs – si prompts à en soustraire les bénéfices à la comptabilité officielle, afin de se constituer de solides fortunes personnelles dans des délais records.

Originaire de Madagascar, Massavana est né vers les années 1740. Il est âgé d’environ 26 ans lorsqu’il émarge la glorieuse liste des valeureux résistants africains au Yovodah, dont l’écho des faits d’armes a pu heureusement nous parvenir . Avec son compatriote Koesaaij, Massavana aurait été reçu quelques à bord du Meermin, probablement par les subrécargues Johann Krause et Olaf Leij.

Il faut savoir que certaines communautés africaines des côtes exigeaient de contrôler la cargaison des négriers, afin d’empêcher le rapt de leurs concitoyens ; ou même dans le but de réclamer aux compagnies négrières des taxes maritimes et douanières assises sur le nombre exactement inventorié de captifs embarqués.

Pour leur part, certains personnels des compagnies négrières européennes transportaient un lot clandestin de bois d’ébène qu’ils trafiquaient à leur propre profit. Or, ce fut justement le cas de cette expédition du Meermin, dont il est désormais prouvé qu’elle convoyait bien plus de captifs que les cent cinquante officiellement déclarés.

Massavana et Koesaaij avaient-ils découvert la cargaison clandestine et autres combines à bord du Meermin ? Toujours est-il qu’à peine avaient-ils quitté le bateau négrier qu’ils furent assaillis par les brigands de la VOC (à l’poque premier employeur mondial de mercenaires ), qui les dépouillèrent, ligotèrent et les envoyèrent à fond de cale compléter leur stock de bois d’ébène.

Ayant ainsi entassé beaucoup trop de captifs au regard de ce que pouvait contenir la cale du Meermin, l’insoutenable promiscuité pestilentielle aggrava les risques de maladies et de mortalité des déportés. Aussi, afin de réduire ces fléaux, Olaf Leij convainquit-il ses comparses d’envoyer périodiquement une escouade de Nègres prendre l’air et se dégourdir les jambes sur le pont du négrier. L’équipage profitait alors de ces occasions pour faire faire aux captifs quelques travaux d’entretien et réparation.

C’est ainsi que le 18 février 1766, lors d’une corvée de nettoyage sur le pont, Massavana et ses frères attaquèrent Johann Krause et les matelots chargés de leur surveillance, les massacrèrent et les jetèrent par-dessus bord. Ils s’emparèrent de leurs mousquets dont ils se servirent pour libérer les autres captifs retenus dans l’entrepont. Olaf Leij et une vingtaine de Blancs rescapés se refugient alors dans l’armurerie du bateau, d’où ils organisent la résistance face aux révoltés africains.

Bientôt en manque de provisions d’eau et de nourriture, Olaf Leij demande à négocier avec Massavana et ses frères ; ceux-ci exigent que les Blancs les ramènent à Tulear s’ils veulent avoir la vie sauve. Les Européens feignent d’accepter ce compromis, mais ils rusent avec les instruments de navigation pour faire dériver subrepticement le bateau au voisinage de sa destination initiale. Ainsi, au bout de quelques jours, le Meermin se retrouve sur les côtes continentales, échouant non loin d’une colonie néerlandaise du Cap des Aiguilles.

Massavana désigne un groupe de plusieurs dizaines d’Africains pour aller reconnaître les côtes à bord d’un canot. Malheureusement, les colons européens embusqués attaquent les Africains, dont ils massacrent un nombre considérable ; faisant prisonniers les survivants. Les colons envoient aussitôt un courrier au Cap pour informer le magistrat de la VOC, Johannes Le Sueur, des difficultés où se trouvait un bateau de son Etat-compagnie.

Pour leur part, ne voyant pas revenir la délégation, après plusieurs jours d’attente, Massavana et ses compatriotes résolvent de rejoindre la côte à bord de canots. Ils seront capturés à leur tour par les colons de la localité, et envoyés au Cap afin d’y être jugés comme esclaves fugitifs.

Leur mémorable procès survient quelques mois plus tard : le 25 août 1766, Massavana, Koesaaij et leurs compatriotes sont condamnés à diverses peines d’emprisonnement sur l’île de Robben Island. Massavana y décède trois ans plus tard, le 20 décembre 1769 ; tandis que Koesaaij survivra dans ce camp de la mort pendant une vingtaine d’années.

Au total, pendant toute la durée des déportations négrières transatlantiques, sur toutes les côtes atlantiques africaines sont survenues des milliers de révoltes de captifs africains à bord des bateaux négriers, avec des fortunes diverses. Cette longue histoire de résistance sur la mer, à fond de cale, est encore trop parcimonieusement étudiée ; malgré d’immenses archives comme celles de la VOC, qu’il reste aux historiographes panafricains à mobiliser.

En tout état de cause, les travaux de Joseph Inikori sur les archives de la Llyod’s établissent clairement l’importance indéniable des révoltes de Nègres à bord comme une part statistiquement significative des expéditions négrières ayant échoué . Toutes ces révoltes constituent autant d’actes héroïques, de protestations courageuses et déterminées des Africains contre la « férocité blanche ». Ce sont également des preuves rédhibitoires contre la fumisterie idéologique négrophobe visant à faire croire que « l’Afrique noire est concrètement et volontairement entrée dans l’engrenage négrier.  »

KLAH, Popo

Janvier 2012

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