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Impérialisme et réparation : le cas du Zimbabwe

Voici une règle de décision infaillible : lorsque le système politico-médiatique occidental s’en prend violemment à un leader africain, c’est que ce dernier est intransigeant dans la défense des véritables intérêts de l’Afrique. Ce fut le cas de Lumumba, de Nkrumah, de Sékou Touré, de Sankara ; ou encore tout récemment de Muammar Khaddafi et de Koudou Laurent Gbagbo. Par conséquent, le fait qu’au cours de la décennie 2000, le Président Robert MUGABE soit devenu une cible privilégiée de la propagande impérialiste occidentale est un signe infaillible de ce que notre cher Doyen MUGABE est activement monté au front pour la défense des intérêts supérieurs du Zimbabwe, donc ceux de l’Afrique souveraine face à l’impérialisme capitaliste.

Qu’en est-il précisément ? C’est ce que nous analysons dans cet article, en allant aux origines de l’agression séculaire des autochtones d’Afrique australe par « la férocité blanche » avide des prodigieuses ressources naturelles de Mwene Mutapa. Comme à Ayiti, les criminels européens exigeront d’être indemnisés par leurs victimes nègres (aux termes des fameux Accords de Lancaster House – 1979), refusant d’entendre parler de réparations dues aux Africains massacrés, pillés, expropriés par des colons rapaces comme Cecil John Rhodes.

 

DZIMBA DZEMABWE

Le toponyme « Zimbabwe » viendrait d’une expression « Dzimba Dzemabwe » signifiant  « construction en pierre ». En effet, le territoire du Zimbabwe fut l’épicentre d’une brillante civilisation ancestrale qui a prospéré pendant des millénaires dans les bassins des fleuves Limpopo et Zambèze ; une civilisation qui a particulièrement marqué les esprits avec son architecture de pierre, dont les plus anciens édifices sont datés du XIè siècle ; à une époque où les Européens végétaient dans les « Dark Ages ».

A partir du XIIIè siècle, la localité dite « Mapungubwe » apparaît comme la principale place forte de la dite civilisation mésopotamienne ; où se développe une prodigieuse orfèvrerie dont l’objet emblématique est une superbe sculpture de rhinocéros recouvert d’or.

MWENE MUTAPA

Progressivement, toute la région des bassins du Zambèze et du Limpopo va se fédérer sous l’autorité politique de Mwene Mutapa, c’est-à-dire du « Maître des Mines », dont la souveraineté s’exerçait depuis le Malawi jusqu’à la Namibie, et depuis l’Afrique du Sud jusqu’en Zambie. En effet, cette région est très riche en minerais de fer, cuivre, or, étain, diamant, etc.

Au XVè siècle, le pays de Mwene Mutapa est donc très prospère, avec une superficie estimée à plus de 2 millions de kilomètres carrés. Grâce à ses ports sur l’océan Indien, notamment Kilwa, il commerce avec la Chine, la Perse, et reçoit même du verre en provenance de Syrie. C’est ce vaste et riche pays d’Afrique australe que rencontrent les Européens au début du XVIè siècle (1516). Leur criminelle convoitise des mines et autres ressources naturelles du pays causera la désolation de l’économie locale, le massacre des habitants, ou l’expropriation foncière des survivants.

IMPERIALISME DE LA VOC ET AUTRES COMPAGNIES ESCLAVAGISTES

Quasiment un siècle d’agressions continues des Européens, entre 1516 et 1608, atomisera le pays de Mwene Mutapa en plusieurs colonies, d’abord portugaises, ensuite hollandaises, enfin britanniques. Ce processus de balkanisation sera aggravé par les activités de la VOC (Verenigde Oostindische Compagnie, ou Compagnie néerlandaise des indes orientales), qui créera l’escale dite du « Cap de Bonne Espérance » (1652) ; à l’extrême sud du Continent-Mère. Toutefois, ce dépeçage de Mwene Mutapa et l’occupation de son territoire par les vandales européens, suscitera de vives résistances militaires des populations autochtones, particulièrement les Shona et les Ndebele ; résistances dont l’expansion au XIXè siècle a été favorisée par la faillite de la VOC en 1799.

Près d’un siècle plus tard, la création de la British South Africa Company (BSAC, 1889) par Cecil John Rhodes, un homosexuel alcoolique (également fondateur de la DE BEERS), constituera une menace militaire rédhibitoire pour les Shona et les Ndebele. En effet, les mercenaires de cette compagnie colonialiste multiplieront les conflits avec les Ndebeles et les Shona. Les Africains seront finalement vaincus et relégués dans des «réserves», d’où ils ne pouvaient sortir que munis d’un «pass» (un laissez-passer). En 1895, Cecil Rhodes pouvait baptiser « Rhodésie » l’immense territoire qu’il avait volé aux Africains à coups de fusils, canons et autres traités léonins extorqués aux autochtones.

DE LA RHODESIE DU SUD AUX ACCORDS DE LANCASTER HOUSE

Bientôt, quelques deux cents milles (200000) Blancs émigrent d’Europe vers le pays de Mwene Mutapa, en vue d’occuper les terres spoliées aux Africains. En à peine une génération, ces immigrés européens décident de contester l’hégémonie de la BSAC, en exigeant leur autonomie politique à Cecil Rhodes, qui est obligé de céder. Dans le cadre de cette autonomisation, les immigrés blancs confortent leur emprise négrophobe sur les autochtones africains, que des lois scélérates votées en 1934 exproprient massivement au profit des colons.

Suite à l’indépendance acquise en 1964 par les deux autres colonies britanniques de la Fédération de Rhodésie Nyassaland (Rhodésie du Nord -> Zambie ; Nyassaland -> Malawi), les Blancs de la Rhodésie du Sud (futur Zimbabwe) conduits par Ian SMITH proclament unilatéralement leur indépendance le 11 novembre 1965. Une sécession que le Royaume Uni dénoncera, emmenant l’ONU à décréter un embargo commercial sur la Rhodésie du Sud. Outre cette pression impérialiste externe, le régime négrophobe de Ian SMITH va subir une vive résistance militaire interne sous la houlette de la ZANU-PF (Zimbabwe African National Union) et de la ZAPU (Zimbabwe African People Union). Epuisé par ce contexte permanent de fortes pressions diplomatiques et de conflits intérieurs, le régime négrophobe de Ian SMITH se résoudra à revenir dans le giron colonialiste britannique, suivant des modalités que les accords de Lancaster House avaient pour objet d’élaborer.

Les négociations multilatérales qui se concluent le 21 décembre 1979 par les accords dits Accords de Lancaster House, ou encore The Zimbabwe Act, ont commencé le 10 septembre 1979 sous l’égide du gouvernement britannique de Mme Margareth THATCHER. Comme le pouvoir Beke local vacillait sous les coups de boutoir de la résistance nègre, la métropole conçut ces conciliabules afin de reprendre directement la main, et d’empêcher le dénouement inéluctable des rapports de forces locaux en faveur des Africains.

C’est pourquoi, lors de ces négociations, la première décision imposée par le Royaume Uni, et qui était son véritable objectif stratégique, consista à ramener la Rhodésie du Sud dans son giron colonial : M. Christopher Soames fut nommé à cet effet Gouverneur de la Rhodésie du Sud, afin d’y réaffirmer solennellement l’autorité politico-militaire directe du Royaume-Uni.

En guise de lots de consolation, d’une part les souverainistes africains (représentés par Joshua NKOMO et Robert MUGABE) reçurent l’institution d’un régime parlementaire, et la promesse malhonnête de récupérer les 15,5 millions d’hectares de leurs terres confisquées par 6000 fermiers blancs. D’autre part, Ian SMITH et ses partisans reçurent 20 sièges sur les 100 prévus au futur parlement de la Rhodésie du Sud, soit un collège électoral exclusivement réservé aux Blancs ; ainsi que l’assurance d’un statu quo de 10 ans en matière de législation foncière.

Comme on le voit, ces fameux Accords de Lancaster House n’avaient aucunement vocation à offrir l’indépendance aux Africains sur un plateau d’argent ; ils visaient plutôt à ramener la riche Rhodésie du Sud dans l’escarcelle impérialiste du Royaume Uni. Pour ce faire, il fallait affaiblir le sécessionnisme blanc de Ian SMITH, sans pour autant laisser les coudées franches au souverainisme africain des partisans de Robert MUGABE et Joshua NKOMO. Dans cette optique, les autorités britanniques organisèrent en vain la promotion de leurs affidés nègres locaux représentés, notamment, par le révérend Abel MUZOREWA (ANC). De fait, cette stratégie britannique de recolonisation de la Rhodésie du Sud ne parviendra qu’à retarder l’échéance inéluctable de la prise du pouvoir par les Africains dans leur propre pays.

 

LA RENAISSANCE DU ZIMBABWE

A peine un an après Lancaster House, la Rhodésie du Sud accède à l’indépendance, en 1980, sous la dénomination de Zimbabwe ; ce qui réhabilite le souvenir de la fameuse civilisation endogène des grands bâtisseurs de pierre. Après une décennie de mutation socio-politique (1980 – 1990), d’un régime blanc raciste vers un régime démocratique implémenté par la ZANU PF, la fin du moratoire foncier imposé à Lancaster House va ouvrir l’ère de la conquête du pouvoir économique national par les Africains.

On considère généralement que c’est la mort, en avril 2000, d’un fermier blanc nommé David Stevens qui a aggravé le cas de Robert MUGABE aux yeux des institutions politico-médiatiques occidentales. Or, cette mort est elle-même liée aux réformes agraires engagées dès mars 1992 par le gouvernement du Zimbabwe, et qui visaient à mettre en œuvre une disposition majeure des Accords de Lancaster House ; celle de la récupération par les Africains de leurs terres volées par les colons européens. Le cas de Robert MUGABE s’est aggravé parce que depuis la décennie 2000, ce sont plus de 12 millions d’hectares de terres arables qui ont été repris aux Blancs (sur les 15 millions qu’ils confisquaient avant 1980). Ces terres ont été reprises à 3500 fermiers blancs, en vue d’installer 276 000 familles paysannes africaines. En d’autres termes, ces terres profitent désormais à 1000 fois plus de familles qu’à l’époque du régime négrophobe de Ian SMITH.

Nonobstant, la politique de la ZANU PF pour la Renaissance économique du Zimbabwe va au delà de la question foncière :

« The essence of Zanu PF’s ideology is to economically empower the indigenous people of Zimbabwe by enabling them to fully own their country’s God-given natural resources and the means of production to unlock or create value from those resources. […]The ways and means in the Manifesto are anchored on Zanu PF’s policy of Indigenisation and Economic Empowerment, which seeks to enforce the transfer to local entities of at least 51 percent controlling equity in all existing foreign owned businesses. Over and above this, the policy is to empower indigenous entities to hold 100 percent of equity to start up or take over strategic enterprises across the economy, especially in key sectors such as mining, tourism and agriculture.[1] »

 

***

 

Les Accords de Lancaster House obligent les Africains, qui ont pris les armes pour libérer la patrie de leurs Ancêtres de l’occupation militaire criminelle des Européens, à payer aux prix fort chaque lopin de terre occupée par ces étrangers spoliateurs. Cette arnaque impérialiste ressemble beaucoup à celle que subirent d’autres Africains entre 1825 et 1893 à Ayiti. En effet, le 17 avril 1825, la France de Charles X rançonne le gouvernement ayitien du Général Boyer d’une somme colossale de 150 millions de francs Germinal, qui correspondaient à l’époque à un an de budget de l’Etat français, sous prétexte d’indemniser les colons blancs ayant restitué les terres qu’ils occupaient à l’époque de la colonie de Saint-Domingue.

L’indemnisation des criminels et le rançonnement des victimes est une pratique séculaire dans les relations entre Africains et Européens. Ses origines remontent au Yovodah, précisément à la question des Réparations dues aux victimes africaines des déportations transatlantiques : partout, les propriétaires blancs de captifs nègres furent indemnisés aussitôt que les lois d’abolition de l’esclavage fussent votées par les Etats esclavagistes occidentaux ; tandis que les captifs eux-mêmes étaient laissés pour compte sur les lieux et dans l’état de leur domination économique par des minorités blanches héritières de ce crime contre l’humanité nègre.

Les Accords de Lancaster House de décembre 1979 posent aux Africains le problème de la qualification juridique de la colonisation : n’est-ce pas un crime, le fait par un pays étranger d’agresser des populations sur leur propre terre, de confisquer ces terres, d’en piller les ressources naturelles, en assassinant pour ce faire des milliers voire des millions d’Africains ? Comment se fait-il donc qu’un tel crime négrocidaire, pudiquement dénommé « colonisation », ne porte à aucune conséquence juridique dans le système judiciaire de tant d’Etats africains concernés ?

Le fait que les Africains n’inscrivent pas en droit la colonisation de l’Afrique par l’Europe comme étant un crime contre l’humanité nègre installe confortablement les auteurs séculaires de ce crime dans une situation d’impunité absolue, d’où ils peuvent même réclamer « compensation » tout en devisant sur les « aspects positifs » de la colonisation, c’est-à-dire de la violation du droit des peuples non blancs à disposer paisiblement de leurs ressources naturelles (foncières, minérales, halieutiques, minières, etc.). L’absence de qualification juridique du crime colonial expose les Etats africains coupables de ce silence judiciaire complice à toute tentative occidentale de recolonisation, dont on constate les prémisses au Mali, en Centrafrique, voire au Nigéria.

Seul un personnel politique africain viscéralement panafricaniste, soucieux au plus haut point de la Vérité-Justice-Paix en Afrique et pour tous les Africains du Continent-Mère aussi bien que de la Diaspora, saura le moment venu qualifier la colonisation pour ce qu’elle est ; et en tirer toutes les conséquences judiciaires, stratégiques, notamment en matière de réparation.

Ni an lara an sara !

 

 

 

KLAH Popo

Mai 2014


[1] Cf. document politique de la ZANU PF daté de 2013 et intitulé : Taking Back The Economy.

Notre traduction de l’extrait : “L’essence de l’idéologie de la Zanu PF consiste à renforcer les capacités économiques du peuple Zimbabwéen, en lui permettant d’être entièrement propriétaire des ressources naturelles placées par Dieu dans son pays, ainsi que les moyens de production pour valoriser lesdites ressources. […] La démarche envisagés dans le Manifeste repose sur la politique dite d’Indigénisation et de Responsabilisation Économique ; laquelle cherche à transférer à des opérateurs économiques nationaux au moins 51% des capitaux propres de toutes les entreprises étrangères existantes. Cette politique vise également à permettre aux opérateurs économiques nationaux à détenir 100% du capital d’entreprises stratégiques créées ou reprises ; particulièrement dans les secteurs clés comme l’extraction, le tourisme et l’agriculture.”

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