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Haiti et l’Afrique : la portée du bicentenaire de la révolution haïtienne

Tabo Mbeki

Tabo Mbeki

Extrait du discours du président sud-africain Thabo Mbeki, le 30 juin à l’université West Indies de Kingston, Jamaïque, 2 jours avant l’ouverture de la 24e rencontre régulière des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté Economique de la Caraïbe (CARICOM)[1].


Le voisin le plus proche de la Jamaïque à l’est est Haïti. L’année prochaine, 2004, ce pays des Caraïbes célébrera le bicentenaire de sa naissance en tant que première république noire du monde. Nous, de notre coté, nous célébrerons le 10e anniversaire de notre libération de la ségrégation. Nous avons été d’accord avec le gouvernement d’Haïti que, dans la mesure du possible, nous devrions travailler ensemble pour célébrer d’une façon appropriée les deux anniversaires, étant conscient que la victoire des esclaves africains en Haïti en 1804 est directement liée à la victoire de l’Africain opprimé en Afrique du Sud en 1994.

En notre qualité de président en exercice de l’Union Africaine, nous avons également mis la question de la célébration du bicentenaire de la révolution haïtienne dans l’agenda de l’union africaine, dans l’espoir que toute l’Afrique peut s’associer à cette célébration.

Les historiens de l’université West Indies connaissent certainement mieux l’histoire des grandes luttes menées par les esclaves africains d’Haïti pour se libérer de l’esclavage et du colonialisme. à€ cet égard, je voudrais rendre hommage à l’exceptionnel historien caribéen, CLR. James, pour son œuvre fondamental “les Jacobins noir”.

En particulier, les historiens de l’université connaissent bien les liens directs entre les révolutions américaine, française et haïtienne. Mais j’ose dire que nos populations en général, en Afrique ou dans la Diaspora africaine, sont mieux informées sur les révolutions américaine et française que sur la révolution haïtienne. Et je sais, en fait, que très peu de personnes en Afrique du Sud connaissent l’histoire vivifiante des luttes des esclaves africains d’Haïti, qui ont abouti à la défaite de la puissante France et de son empereur, Napoléon Bonaparte.

Nous sommes fermement convaincus que nous devrions saisir l’occasion du bicentenaire de la révolution haïtienne pour inspirer particulièrement notre jeunesse, afin qu’ils prennent conscience de la capacité des masses africaines en Afrique et la Diaspora à changer leurs conditions sociales. L’histoire de la révolution haïtienne devrait faire comprendre à tous nos peuples que, quoi qu’il en soit, les Africains, aussi bien en Afrique que dans la Diaspora africaine, sont capables de remporter de grandes victoires.

Elle doit susciter la confiance parmi les masses africaines et modeler leur conduite, de manière à être nos propres libérateurs de la pauvreté, du sous-développement, de la marginalisation et du paradigme qui nous fait passer pour des populations vivant de la charité des autres.

Quand nous disons l’histoire de la révolution haïtienne, nous ne devrions pas nous arrêter à la glorieuse victoire de 1804. Nous devrions également parler de ce qui s’est produit après, de ce qui s’est produit après que la Diaspora africaine ait donné aux Africains de partout le grand cadeau de la première république noire d’Haïti.

A cet égard, nous devons reconnaître que, les révolutions américaines et françaises ont réussi à créer les conditions du développement des américains et français, tandis que tel n’a pas été le cas d’Haïti. En effet, ce pays a pris une voie diamétralement opposée à celle du développement. En tant qu’Africains, en Afrique et dans la Diaspora africaine, nous devons répondre à la question de savoir pourquoi il y a eu cette divergence d’expérience au lendemain des révolutions américaines, françaises et haïtiennes, qui sont liées. En répondant à cette question, nous pourrons également dire pourquoi, à bien des égards, la condition africaine, certainement en Afrique sub-saharienne, a été catastrophique durant de nombreuses années, en dépit de notre existence comme républiques noires, tel le cas d’Haïti pendant deux cents ans.

Puisqu’ils ne pourraient avoir connu rien de mieux, étant donné l’époque durant laquelle ils ont vécu, certains des grands chefs militaires de la révolution haïtienne, tels Henry Christophe et Jean-Jacques Dessalines, se sont attribués des titres de rois et empereurs. C’était compréhensible. Mais presqu’à la fin du XXe siècle, nous voyions encore l’apparition de nouveaux seigneurs féodaux africains, tels que Jean-Bedel Bokassa de la République centrafricaine, qui s’est proclamée empereur et a rebaptisé la république en empire.

Peut-être au lieu de traiter cet épisode comme un sujet dérisoire qu’on se réserve de commenter, nous devrions nous demander si Bokassa, en fait, ne donnait pas une forme plus précise et plus honnête au contenu de sa conception de chef de la République centrafricaine. Il se peut bien que bon nombre d’entre nous se projettent comme présidents et premiers ministres, avec des prétentions démocratiques qu’ils attachent à ces postes, tandis que, dans la pratique, nous ne sommes rien de plus que des seigneurs féodaux qui règnent à coups de décret sur nos royaumes ou principautés.

Je propose que pendant que nous encourageons les masses africaines en Afrique et la Diaspora africaine, particulièrement la jeunesse, à étudier la révolution d’Haïti après la victoire de 1804, nous leur permettions de mieux comprendre leurs propres conditions nationales. Ceci les aiderait à relever plus efficacement les défis de la Renaissance africaine.

A travers l’histoire d’Haïti se retrouvent beaucoup de sujets qui concernent les défis que nous devons relever. Ceux-ci incluent des problèmes de race, classe, genre, culture et conscience sociale, gouvernance, globalisation et déséquilibres globaux en économie et autres domaines, l’effet de la prépondérance des grandes puissances principales, les possibilités de coopération Sud-Sud et ainsi de suite.

En conséquence, je demanderais à l’université West Indies ainsi que ses partenaires en Haïti, de prendre des mesures afin d’assurer que l’histoire de la révolution haïtienne et de ses conséquences soient communiquées à autant de masses africaines possibles, en Afrique et la Diaspora. Ceci exigera du matériel imprimé, en format radio, télévision et l’Internet. Cela exigera du matériel qui peut être mis en scène ou présenté sous forme de film ou toute autre présentation dramatique.

Ce que je défends est que nous devrions dresser le tableau du bicentenaire de la révolution haïtienne de telle manière qu’elle capte l’attention des masses de nos populations, les amenant à chercher à comprendre ce que d’autres amis Africains sont parvenus à réaliser en Haïti, il y a deux cents ans.

Je demande que nous nous servions de cette occasion unique du bicentenaire de la révolution haïtienne pour nous adresser à nous-mêmes Africains, partout où nous pouvons être, traitant cette grande victoire obtenue par la Diaspora africaine comme vraiment un acquis de tous les Africains, y compris ceux qui sont en Afrique.

Ce pour lequel je plaide encore plus est que nous, en tant que chefs politiques, ainsi que l’intelligentsia africain en Afrique et la Diaspora africaine, utilisions l’occasion de ce bicentenaire pour interroger nos propres expériences, suite à la révolution haïtienne, pour comprendre les complexités de cette histoire et, sur la base de notre étude, nous engager à faire face aux défis du futur.

Je plaide en faveur de l’utilisation de ce bicentenaire pour élever le niveau de la conscience des masses africaines au sujet des tâches de la Renaissance Africaine, et les mobiliser pour agir en vue du changement pour le progrès de leurs causes.



Par Thabo Mbeki

vendredi 4 juillet 2003



[1] Document original publié sur le site AlterPresse

La rupture : dans quel contexte et avec quels acteurs ?

Vers une nécessaire rupture avec l’aide internationale. Quelles nouvelles voies de financement du développement pour la Côte d’Ivoire ?

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49ème anniversaire de la Côte d’Ivoire : analyse du discours présidentiel

laurentgbagbo2

Le discours du Président de la République, la veille du 49ème anniversaire de notre pays, se veut, de manière générale, un audit des secteurs politiques, économiques et agricoles. Partant du résultat peu reluisant de ce diagnostic, il propose des esquisses de solution ; de sorte que son intervention se veut un message porteur d’espoir quant à l’avenir de notre pays. Toutefois, afin de mieux faire ressortir notre compréhension de ce message, notre analyse en fera ressortir le bilan politique et économique (I), les solutions du Président et les limites que nous trouvons à cette intervention (II). Continue reading 49ème anniversaire de la Côte d’Ivoire : analyse du discours présidentiel

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Comment financer le développement ?

On présente en plusieurs extraits le texte original de l’intervention de madame Gisèle Dutheuil à la conférence-débat organisée le 25 juillet 2009 à Paris, à  l’occasion du lancement en France du Réseau Côte d’Ivoire Diaspora (RECID). Une excellente contribution à la recherche de nouvelles voies en Côte d’Ivoire pour l’exercice d’une souveraineté pleine et entière, en vue d’une stratégie de développement autocentré, endogène. Le texte intégral d’où sont tirés ces extraits est intitulé « Vers une nécessaire rupture avec l’aide internationale. Quelles nouvelles voies de financement du développement pour la Côte d’Ivoire ? » Continue reading Explorer de nouvelles voies de financement

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Le « Roi Amador » de São Tome, précurseur de l’abolitionnisme africain

La guerre perdue du Roi Amador contre le système esclavagiste saotoméen, à la toute fin du XVIè siècle, est l’une des premières de cette importance jamais entreprise en Afrique contre l’économie négrière transatlantique. Il est donc ahurissant qu’elle soit passée sous silence par Olivier Petré-Grenouilleau, dans un ouvrage prétendument « d’essai d’histoire globale » qui occulte volontiers les mouvements abolitionnistes négro-africains, jusque y compris le célébrissime cas de la Révolution d’Ayiti qui, elle, a été pourtant couronnée d’un succès militaire éclatant aux dépens de la France[1]. Continue reading Le « Roi Amador » de São Tome, précurseur de l’abolitionnisme africain

L’adieu aux hieroglyphes de Jean Yoyotte (1927-2009)

jean-yoyotteJean Yoyotte vient de disparaître. Il n’a eu droit qu’à un court entrefilet dans le quotidien local. Martiniquais d’origine, Jean Yoyotte finit sa carrière d’égyptologue de 1991 à 1997 au sommet de l’institution scientifique comme Professeur au Collège de France. Pourtant Jean Yoyotte n’est connu en Martinique que pour une courte série d’interviews sulfureuses accordée à ce titre à ce quotidien antillais en 2007. Ces interviews nous donnent de lui l’image d’un imprécateur aux jugements à l’emporte-pièce sur Cheikh Anta Diop, qu’il qualifie, in absentia, et sans délicatesse, d’imposteur. Les états de service égyptologiques immenses de Jean Yoyotte semblent dans l’article n’être qu’un prétexte ou un décor à peine ébauché. Du savant et de ses travaux, en fait, le lecteur antillais n’apprendra pas grand-chose. Peu, ou prou, sur une liste pourtant interminable, et beaucoup sur un antagonisme opportunément réveillé. Continue reading L’adieu aux hieroglyphes de Jean Yoyotte (1927-2009)

Camp Boiro : parler ou tout dire…

On a beaucoup glosé sur le régime d’Ahmed Sékou Touré, mais a-t-on tout dit ? A-t-on beaucoup parlé justement afin de ne pas tout dire, d’occulter des pans essentiels indispensables à la juste compréhension de l’histoire politique de la Guinée entre 1958 et 1984 ? Les nouvelles générations de Guinéens demandent instamment à tout savoir pour bien comprendre le passé de leur chère patrie, en vue de mieux appréhender leur avenir. Le prétexte des commentaires qui suivent consiste dans la publication de l’ouvrage incontournable que Sidiki Kobélé Kéïta à consacré à cette problématique : Autopsie d’un pamphlet. Continue reading Camp Boiro : parler ou tout dire…

Faut-il décimaliser les systèmes africains de numération ?

Par numération, il faut entendre l’activité sociale de représentation des nombres, aussi bien par des mots, des gestes, que par des signes. L’ensemble des règles et pratiques concourant à cette représentation constitue un système de numération. Le professeur  Toussaint Yaovi Tchitchi, de l’Université d’Abomey-Calavi, a entrepris de décimaliser le système de numération de certaines langues gbè. Il explique dans un article que « la décimalisation est une opération nécessaire pour passer du traditionnel au moderne », du « savoir endogène » à la « science »[1]. On présente rapidement en quoi a consisté cette opération, avant d’en faire un commentaire. Continue reading Faut-il décimaliser les systèmes africains de numération ?