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Les Guerres de la VOC contre le « Royaume de Commany »

willem-bosman1Willem Bosman (appelé aussi Guillaume Bosman) est né à Utrecht en 1672. Il fut employé par la Verenigde Oost-Indische Compagnie (la VOC), et séjourna en Afrique – sur la « Côte de l’Or » – durant treize (13) années ; probablement de 1689 à 1702. Il y occupa diverses fonctions dont les plus hautes, puisque Bosman fut, selon ses propres mots,  « Conseiller et Premier Marchand dans le Château de Saint Georges d’Elmina et Sous-Commandeur de la Côte ». En tout cas, c’est en cette qualité qu’il présente son récit intitulé « Voyage de Guinée », dont la troisième lettre décrit la série de guerres fomentées en Afrique par la première multinationale capitaliste, qui était alors le plus gros armateur négrier du monde.

On rapporte ci-après les funestes épisodes de ces guerres de la VOC pour le pillage de l’Afrique ; lesquelles ont fourni le modèle-type des relations mafieuses, prédatrices, entretenues sur le Continent-Mère jusqu’à nos jours par les multinationales esclavagistes-impérialistes. Cet épisode historique indéniablement documenté, d’une multinationale européenne négrière régnant par les pires méthodes criminelles sur les côtes atlantiques africaines pendant plus d’un siècle, bat en brèche – s’il en était encore besoin – la cynique calomnie négrophobe promue par Olivier Pétré-Grenouilleau ; lorsque ce dernier prétend doctement que les Africains furent « les maîtres des jeux de l’échange tout le temps que la traite négrière dura. » (O P-G, 2004, pp.74-77)

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Première bataille en 1687

Ce que Willem Bosman appelle « Royaume de Commany » est une localité située sur le littoral atlantique, entre la rivière Chama et le village Mina. L’auteur en estime la superficie à 5 lieues de longueur sur 5 lieues de largeur ; soit environ 464 km2 (en posant une lieue = 4.4 km).

En 1687, un employé de la VOC sème la terreur sur ce territoire (p.36) : M. Sweertz

« subjugua entièrement ceux de Commany […] et leur fit pendre leur Roi et la plupart des grands du royaume. »

Ayant ainsi massacré les autorités locales, M. Sweertz pouvait bâtir en 1689 un fort de la VOC, le Fort Vredenbourg, près du village « Ekke-Tekki » ; contre le gré des autochtones africains. La VOC n’avait donc pas demandé humblement à s’installer chez les Africains prétendument « maîtres des jeux de l’échange » ; elle s’imposa à eux par les armes, de la manière la plus criminelle possible, massacrant l’élite autochtone pour s’établir en « maître » absolu des lieux.

Deuxième bataille en 1693

Le fort de Vredenbourg est « passablement grand », possédant 4 batteries capables de recevoir jusqu’à 32 pièces de canon, mais qui n’en comportait que 20. Cet arsenal suffisait largement à tenir les Nègres en respect, comme Willem Bosman lui-même put l’expérimenter en 1693, lorsqu’avec seulement une dizaine de canonniers il écrasa un assaut nocturne des autochtones ; au bout de cinq heures de combats.

Troisième bataille en 1694

En 1694, la VOC fait venir d’Europe des ouvriers mineurs, en vue d’exploiter les ressources minières d’une montagne située à « environ une demie lieue au dessus» du fort (p.33). Les gens de Commany s’opposent à cette nouvelle violation de leur territoire, faisant valoir que cette montagne est sacrée. Mais la VOC fait fi de leur refus, et commence les travaux d’extraction minière, exposant ses ouvriers européens à la colère des autochtones (p.33) :

« on les maltraita fort, on leur ôta tout ce qu’ils avaient, et on retint quelques temps prisonniers ceux qui ne purent pas s’échapper. »

Cette escalade des tensions entre la VOC et les Commany profita aux Anglais, qui obtinrent l’autorisation de bâtir un fort dans le village de « Cabocors » ; rompant ainsi le monopole du trafic négrier de la VOC en cette contrée.

Quatrième bataille

Le directeur du fort Vredenbourg décide alors de punir les Commany, aussi bien pour l’agression des mineurs européens que pour avoir permis aux Anglais de s’installer sur un territoire africain dont la VOC devait évidemment se croire propriétaire. Il recrute à cet effet des mercenaires, « pour moins de cinquante mille francs » (p.36) chez les « peuples de Jusser et de Cabesterra ».

De leur côté, les Commany s’allient aux « Fantin » et aux « Saboe », qui avaient déjà mailles à partir avec la VOC. De plus, les accords passés avec les Anglais (Royal African Company) leur ouvraient désormais un meilleur accès aux fusils importés d’Europe ; accroissant leur force militaire. De la sorte, l’alliance africaine put mettre en déroute les mercenaires de la VOC : (p.37)

« Ce fut une bataille si sanglante, qu’il ne s’en donne guerre de semblable parmi les Nègres ; puisque tous, nos gens périrent ou furent faits prisonniers ; ce qui nous réduisit dans un état pitoyable, ne sachant de quel côté nous tourner […] »

Cinquième bataille

La VOC conçut alors le plan de corrompre Tekki Ankan, frère d’Abe Tekki le « Roi de Commany ». Elle lui fournit des mercenaires recrutés parmi les « Peuples d’Akan », notamment les « Adom ». Mais, cette soldatesque plus habile à piller qu’à combattre fut à son tour sévèrement vaincue par l’armée d’Abe Tekki. Quant à Tekki Ankan, en guise de récompense de sa traîtrise contre sa propre nation, il fut déporté au Surinam avec « femme et enfants » par la VOC, et réduit en esclavage (p.42).

Tractations de paix

Ayant perdu trois batailles consécutives, les Hollandais se résolvent à entamer des négociations de paix avec les Commany. Les pourparlers sont bien engagés, lorsqu’interviennent les Anglais. En effet, ceux-ci sont les principaux bénéficiaires des conflits à répétition entre leur concurrent hollandais et les autochtones africains ; conflits qui, outre une demande africaine d’armes à feu en croissance exponentielle, fournissent évidemment leurs lots de captifs de guerre sur le marché florissant du « bois d’ébène », à l’orée du XVIIIe siècle – ou « Siècle des Ténèbres ». Aussi, les Anglais sabotent-ils les négociations, en promettant plus d’avantages et subsides aux Commany, afin qu’ils ne cèdent rien aux représentants de la VOC. Ces derniers projettent alors d’engager une énième confrontation militaire avec les Commany.

Maintes tentatives de corruption

La VOC tente un rapprochement avec les Fantin, leur vendant une guerre contre les Commany en récompense d’une « somme de neuf mille florins ou un peu plus, et de ne la finir jamais qu’ils ne les ussent entièrement détruits. » (p.40) Toutefois les Anglais sabotent cet accord en promettant plus d’or aux Fantin pour refuser d’attaquer les Commany.

La VOC se tourne alors vers leurs habituels complices d’Adom, qui avaient déjà pris part à la bataille livrée par Tekki Ankan contre son propre frère. Elle leur propose en vain « moins de dix mille florins » pour refaire la guerre aux Commany.

Dépitée, la VOC contacte les « Denkirasches » pour le même dessein, contre une bourse de huit mille florins ; mais elle essuie le même échec. Il faut dire que la réputation militaire des Commany avait été particulièrement confortée par leurs nombreuses victoires précédentes contre les mercenaires stipendiés par la première multinationale esclavagiste-impérialiste.

Retour triomphal de Tekki Ankan

Face à tant de déconvenues, la VOC entreprend d’affranchir l’esclave Tekki Ankan, de le ramener du Surinam, afin de tenter une factice réconciliation avec son frère, Abe Tekki, roi de Commany. Ce stratagème s’avère fructueux, car la fibre familiale aura raison des intransigeances politiques du roi d’un peuple harassé par les guerres sempiternelles que lui inflige la cupidité des négriers européens.

Mais les Anglais, s’estimant trahis par cette paix des frères ennemis, assassinent Abe Tekki lors d’une visite de courtoisie de ce dernier dans leur fort sis à « Cabocors ». Ce meurtre a été perpétré avec la complicité criminelle de l’infâme Tekki Ankan. Il s’ensuivit une autre bataille entre l’armée de Commany et des mercenaires recrutés par les Anglais chez les « Saboe-Acany » et les « Cabes Terra », et qui furent placés sous les ordres de Tekki Ankan. Bataille remportée par le général Ama Tekki de l’armée de Commany, qui écrasa encore les mercenaires nègres enrôlés par les étrangers avides de bois d’ébène.

Quelques temps plus tard, les Hollandais agressent des ressortissants de Fetu venus au marché du village d’Ekki Tekki où est situé le fort Vredenbourg (p.45) : «  on en tua quelques uns, on en prit quatre-vingts prisonniers et on enlevant à ces pauvres gens tout ce qu’ils avaient. » Or, les Fetu étant les alliés traditionnels des Commany, cette agression rompait automatiquement l’accord des Hollandais avec les Commany.

Ces nouvelles circonstances modifièrent significativement les rapports de force sur la côte, en favorisant le rapprochement des négriers-impérialistes Anglais et Hollandais contre les Commany et alliés. Ces derniers perdaient ainsi leur accès à l’approvisionnement en armes à feu européennes ; celles dont la disponibilité ou non décidait à terme de l’issue des conflits militaires qui se multipliaient sur les côtes atlantiques africaines depuis l’arrivée des négriers européens.

En tout état de cause, on imagine aisément que la trêve entre Anglais et Hollandais favorisait une levée de mercenaires des uns ou des autres, en vue d’attaquer leur ennemi commun. C’est ainsi qu’Ankan Tekki reçut de nouveaux moyens militaires pour faire la guerre à sa propre nation. Lors de cette confrontation, la blessure du général Ama Tekki démobilisa ses troupes Commany, facilitant la victoire du renégat  (p.46) :

« cette bataille procura le royaume de Commany à Tekki Ankan […] »

C’est donc ce traître qui y régnait lorsque Willem Bosman séjourna au Fort de Vredenbourg.

***

Le récit de Willem Bosman comporte vingt lettres de l’auteur lui-même, complétées avec deux autres lettres d’un tiers ayant visité des contrées africaines qu’il a décrites pour satisfaire la curiosité de son correspondant. Willem Bosman était un fidèle cadre – très « corporate » – de la première multinationale capitaliste qui était aussi la principale opératrice privée du trafic négrier ; entre 1640 et la fin du XVIIIe siècle. La troisième lettre de ce récit, dont nous avons rapporté la matière essentielle, est particulièrement instructive des comportements criminels des entreprises capitalistes occidentales en Afrique depuis tant de siècles.

Ces guerres de la VOC contre les Africains font singulièrement écho à l’actualité brûlante de notre « Soleil des indépendances » : du coup d’Etat fomenté contre Amani Diori pour protéger la mainmise de la COGEMA sur l’uranium nigérien, à la guerre du Congo Brazzaville attisée par TOTAFINAELF pour s’accaparer le pétrole congolais ; ou a fortiori les millions de morts du Kivu, dont la cause radicale consiste aux conflits entretenus en RDC par le capitalisme impérialiste, afin de soustraire l’exploitation des immenses ressources naturelles de cette région au contrôle de toute souveraineté politique négro-africaine stable et pérenne.

Par ailleurs, la frénésie corruptive des autorités autochtones par la VOC est un autre enseignement crucial à tirer des faits consignés par Bosman : soudoyer un frère (Tekki Ankan) afin qu’il fasse la guerre à son propre frère (Abe Tekki), recruter des mercenaires chez telle nation afin d’agresser telle autre nation africaine ; voici les causes structurales, séculaires, des fameuses « guerres inter-ethniques » qui épuisent démographiquement l’Afrique et paralysent toute possibilité fédérative du Peuple Noir, en favorisant les micro-nationalismes ou autres tribalismes.

On comprend alors qu’une lutte contre la corruption en Afrique, qui ne s’occupe jamais des corrupteurs étrangers et de leurs méthodes criminelles, ne s’en prenant toujours qu’aux corrompus africains et leurs « biens mal acquis », est un leurre. Une autre manière de « diviser pour régner » éternellement sur les Nègres.

Un ultime enseignement de cette histoire : tant que le Peuple Noir n’aura pas acquis tous les moyens militaires et stratégiques nécessaires à la pérennisation d’une souveraineté politique pleine et entière, ses immenses ressources naturelles demeureront la propriété de fait de l’impérialisme occidental…

KLAH Popo

Mai 2013

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