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Idées de réformes afrocentriques pour la Côte d’Ivoire

La crise politique ivoirienne de ces dernières années constate l’épuisement du paradigme colonialocratique, avec ses supercheries civilisatrices et développementalistes. Elle comporte aussi l’opportunité d’une ère proprement démocratique, qui pourrait être celle de l’instauration d’une société politique afrocentrique ; même si concrètement les choses telles qu’elles se font n’en prennent pas le chemin. Saisir cette opportunité (outre d’en avoir une claire conscience), c’est s’emparer de l’idée d’indépendance politique pour l’inscrire réellement dans les faits en s’appuyant principalement sur les traditions démocratiques négro-africaines.

Dénomination, symboles et emblèmes nationaux

Dans cette optique, certaines mutations politiques radicales devraient être envisagées, à commencer par l’abandon pur et simple de la dénomination « Côte d’Ivoire » au profit d’une dénomination en langue négro-africaine signifiant toute autre chose pour ses habitants que cette onomastique désuète de négriers européens cherchant à « traiter » des dents d’éléphant sur une partie de la « Côte de Guinée » aux temps maléfiques des déportations négrières transatlantiques. La nouvelle dénomination devrait faire l’objet d’un débat national, avec le concours d’hommes de lettres et d’artistes, en vue de proposer plusieurs choix qui feraient l’objet d’une décision parlementaire à inscrire dans la constitution.

Les emblèmes nationaux devraient être également revus en se fondant sur la symbolique des couleurs en Afrique Noire, et en mobilisant notre riche patrimoine épigraphique[1]. De façon générale, le noir, le rouge et le vert sont des couleurs fréquentes dans les palettes chromatiques négro-africaines où elles ont souvent rapport au faste. Selon Oscar Pfouma[2], voici quelques significations symboliques des couleurs en Afrique :

  • Noir = couleur des origines : mort/vie, renaissance ou résurrection.


  • Blanc = la lumière. Pour les Bambara, c’est la couleur du Sud, région où séjournent les ancêtres.


  • Rouge = savoir-sagesse ; mais aussi son envers, c’est-à-dire la puissance destructrice (de Seth, par exemple).


  • Bleu = paix et sérénité de l’initié. Egalement couleur d’Amon.


  • Vert = fertilité, régénération.


  • Jaune = éternité, “couleur de la chair des Dieux”.


Quant à l’usage uniforme, parfois abusif, du bestiaire dans les emblèmes des pays africains, il devrait être abandonné ici au profit de graphies non-figuratives empruntées aux cosmogonies négro-africaines, et qui sont généralement polysémiques.


Langues officielles et langues internationales

Par ailleurs, la question de langue officielle devrait être reposée. D’une part, les linguistes observent que les sociétés contemporaines sont généralement multilingues. En sorte qu’on ne saurait plus longtemps consacrer une langue étrangère coloniale comme exclusive langue officielle, monopolisant tout l’espace linguistique national bien qu’étant maîtrisée seulement par une infime minorité[3].

D’autre part, ladite langue officielle, le français, est en grande perte de vitesse internationale : étant de plus en plus marginale comme langue du commerce mondial, des publications scientifiques internationales, a fortiori comme langue véhiculaire des relations culturelles transafricaines, ou encore des rapports de l’Afrique avec la Diaspora africaine ancienne (de l’Amérique du Sud ou des Etats Unis). De surcroît, la France (et plus généralement l’Europe) devient un pays de plus en plus négrophobe, avec des lois sur l’immigration particulièrement draconiennes à l’encontre des Africains ; ce qui devrait dissuader ces derniers de promouvoir la langue d’un pays qui les rejette.

Par conséquent, il conviendrait d’envisager plusieurs langues officielles selon des préoccupations précisément circonscrites : avec une langue ouest-africaine comme première langue officielle, et le kréyol comme seconde langue officielle, en hommage à la résistance héroïque d’Ayiti et des Caraïbes à la déshumanisation séculaire des Nègres, et comme un pont culturel établi avec la diaspora africaine des nations afro-caraïbéennes. Une troisième langue officielle serait panafricaine, en tant que première langue négro-africaine officielle de l’Union Africaine.

A côté de ces langues officielles, il y aurait plusieurs langues étrangères bénéficiant d’un traitement éducationnel privilégié, en tant que « langues internationales », en raison de leur position dominante dans le monde : l’anglais pour le commerce et les publications scientifiques internationales ; le mandarin, le russe et l’indi en tant que langues des futures plus grandes puissances économiques du monde, ainsi que des trois pays parmi les plus peuplés de la planète.

L’enseignement du latino-américain (notamment le brésilien) serait particulièrement développé, en tant que langue de la plus nombreuse diaspora africaine au monde. Enfin l’arabe serait consacré « langue internationale », en tant que langue de la religion la plus répandue sur la planète, pratiquée par de très nombreux pays (dits « émergents ») à fort potentiel économique et culturel.


Réhabilitation du troc et du don

Afin de réduire la déperdition des ressources financières dans les échanges publics internationaux, et de soustraire les pays non-occidentaux de la dépendance financière organisée par certaines institutions occidentalocentriques, l’on pourrait imaginer des modalités d’échanges internationaux privilégiant le don et le troc. Ces échanges entre Etats consisteraient quasi exclusivement en flux physiques (matières premières, technologies, équipements, produits et services), et très rarement en flux financiers, monétaires.

Par exemple, tel pays a besoin de faire construire un pont : tel autre pays prend à sa charge la construction de l’ouvrage, soit à titre gratuit, soit en échange d’un autre flux physique pouvant consister en bien(s) et/ou service(s) à destination publique. Le second pays commande l’ouvrage aux opérateurs de son économie nationale, qui doivent le fournir directement au pays acquéreur et se faire payer par leur propre Etat, dans leur monnaie nationale. Ainsi, l’Etat récipiendaire de l’ouvrage n’aurait à faire qu’avec son homologue, c’est-à-dire dans une relation étroite d’Etat à Etat, sans en passer systématiquement par des institutions privées, notamment les firmes multinationales, au pouvoir de négociation hypertrophique et parfois pervers, notamment en matière de corruption des marchés publics en Afrique.

De la sorte, les échanges publics internationaux éviteraient l’usage abusif de lignes de crédit facilement détournables en dépôts privés planqués dans quelque paradis fiscal. Un organisme mondial serait chargé d’enregistrer les capacités (offres) et besoins (demandes) publics, et de les formaliser dans le cadre d’une sorte de bourse internationale de projets publics ; aux modalités transparentes et libres d’accès à tous les citoyens, à tout moment, pour consultation. Sauf exception, notamment pour les questions de sécurité et défense, les termes des contrats de toutes les transactions économiques entre Etats seraient rigoureusement soumis à une obligation de publicité ; sous peine de nullité de plein droit.



Par KLAH Popo


[1] Heike Owusu, Les symboles africains, Guy Trédaniel éditeur, 1999

[2] Oscar Pfouma, L’Harmonie du monde, anthropologie culturelle des couleurs et des sons en Afrique depuis l’Egypte ancienne, éd Menaibuc, Paris, 2000.

[3] Mongo Béti, Africains, si vous parliez, éd. Homnisphères, 2005, pp.83-124 : Francophonie, piège à cons

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