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Stratégie d’interventionnisme public en Côte d’Ivoire

Dans aucun pays de la planète, il n’y a jamais eu de croissance de la richesse nationale sans une croissance significative de la masse monétaire nationale [1]. Ce n’est pas l’augmentation de la richesse nationale qui provoque une augmentation de la masse monétaire ; bien au contraire, c’est la croissance de la masse monétaire et de sa vitesse de circulation dans l’économie nationale qui conditionnent les opportunités d’enrichissement des agents économiques nationaux. Aussi, les pays réputés les plus riches au monde sont-ils également ceux qui émettent le plus de monnaie, et dont les déficits budgétaires chroniques sont abyssaux. Par contre, un pays réputé pauvre comme la Côte d’Ivoire est soumis à une règle stricte d’équilibre budgétaire obtus. Or, la création monétaire publique est une technique budgétaire particulièrement pertinente dans un contexte appauvrissant – comme en zone CFA – de répression monétaire et de raréfaction artificieuse du crédit aux agents locaux.

carte-cote-divoireRecourir massivement à la création monétaire publique

Comment recourir à la création monétaire publique, parfois improprement appelée « déficit budgétaire », afin d’accroître significativement les capacités d’intervention de l’Etat ivoirien dans la sphère socio-économique, et les amener progressivement au niveau requis par l’explosion des besoins de biens et services publics au cours de ces quinze dernières années marquées par l’atrophie des investissements publics?

Si les 555.9 milliards de francs CFA consacrés au service de la dette publique en 2008 correspondaient à 7% du budget de la Côte d’Ivoire, alors celui-ci s’élèverait à environ 7942 (556/7%) milliards. Noter que, toute chose étant égale par ailleurs, sans la dévaluation mortifère infligée aux PAZF par M. Edouard Balladur en 1994, le montant nominal du budget 2008 serait de 4258.2 (2129.1*2) milliards. Avec une création monétaire publique de la Côte d’Ivoire équivalent au montant des réserves ivoiriennes confisquées, au titre de la « garantie illimitée », par le Trésor Public Français – d’une contrevaleur égale à quelques 2000 milliards de francs CFA -, ce budget dépasserait les 8000 [(2129 * 2) + (2000 * 2)] milliards. Une telle capacité d’action publique aurait permis de réduire considérablement la misère dans ce pays. Où l’on perçoit à quel point la dévaluation autoritaire et arrogante de 1994 a objectivement agravé l’ampleur de cette misère dans les Pays Africains de la Zone Franc. Or, cette dévaluation ne fut possible qu’en raison du rôle exorbitant et néocolonialiste d’un pays étranger, la France, dans la politique monétaire d’un groupe de pays africains, les PAZF.

Au regard de ce qui précède, on propose que le budget 2010 de la Côte d’Ivoire soit d’emblée porté à 5000 milliards de francs CFA, grâce à la récupération de « l’impôt CFA » auprès du Trésor Public Français ; ou transitoirement par le biais d’une création monétaire publique comparable au montant des « réserves de change » confisquées à ce pays. Pour l’exercice 2011, le budget serait d’environ 6000 milliards, tandis qu’en 2012 il passerait à 7000 milliards ; ainsi de suite jusqu’à 9000 milliards pour le dernier exercice (2014) de la future mandature présidentielle. Seule une telle création monétaire publique massive (conforme au principe du droit de battre-monnaie comme un attribut du pouvoir public), en vue de compléter les ressources fiscales, permettrait d’engager des projets d’investissement public ambitieux, massifs, diversifiés, et catalyseurs d’une croissance significative du volume de la richesse nationale adaptée aux besoins urgentissimes d’infrastructures routières, hospitalières, éducationnelles, industrielles et de prestations sociales, sportives ou culturelles.

Porter le budget 2010 à 5000 milliards, grâce à de la création monétaire

Ainsi, pour un budget 2010 théorique de 5000 milliards de francs CFA, la part non-financée par les impôts, taxes et autres ressources constituerait une création de monnaie par l’Etat, ou encore un « déficit budgétaire », c’est-à-dire un financement partiel de l’action publique grâce au crédit consenti par l’Etat aux agents économiques nationaux via le système bancaire national. Ce crédit public permettrait de renoncer définitivement aux « appuis budgétaires » et autres « échéances rééchélonnables » qui sont autant de droits d’ingérence financière concédés à des rapaces pompeusement surnommés « bailleurs de fonds ».

En consacrant 7% de ce budget au service de la dette publique, l’on rembourserait seulement (5000*0.07) 350 milliards en 2009 ; ce qui laisserait d’importantes marges de manoeuvre pour l’action publique concrète. Les capacités de dépenses d’investissement seraient alors portées à (5000 * 0.33) 1650 milliards, soit près de cinq fois plus qu’en 2008. De manière générale, sur le budget d’investissement, 100 milliards par an seraient consacrés à la réhabilitation de 500 villages choisis chaque année (soit 2500 villages par mandature) ; en raison de 100 mille francs CFA d’investissements publics directs par habitant majeur pour chacun de ces villages ou agglomérations rurales [2]. Dans le cadre d’une Politique Départementale de Réhabilitation du Monde Rural, l’Etat ne financerait que des projets conçus ou décidés par une assemblée générale délibérative des habitants (citoyens ou résidents) de chaque village, en concertation avec les autorités administratives locales.

Quant aux charges de fonctionnement, elles s’élèveraient à (5000*0.16) 800 milliards ; ce qui favoriserait le redéploiement rapide du Service Public sur tout le territoire national, après six ans de partition du pays. Enfin, les dépenses de personnel ressortiraient à (5000*0.20) 1000 milliards de francs CFA. Une somme favorisant de nouvelles embauches, mais surtout la revalorisation très conséquente des plus bas salaires de la fonction publique (soit une redistribution massive de capacités d’épargne et consommation), de même que l’amélioration des prestations sociales destinées aux agents de l’Etat.

En tout état de cause, l’usage avisé d’un tel afflux de crédit public à l’économie nationale devrait démultiplier, à terme, le potentiel fiscal de la nation, favorisant le transfert progressif de ce potentiel vers les budgets des collectivités locales, au titre de la décentralisation. Un tel accroissement rapide de la masse monétaire par le budget viendrait ainsi combler la sous-liquidité chronique de l’économie ivoirienne, à l’instar des économies des PAZF ; cette répression monétaire organisée par la France qui pénalise l’initiative privée locale au profit des investisseurs étrangers, notamment hexagonaux.

La création monétaire publique doit financer prioritairement des investissements opportuns, notamment la construction de logements, hôpitaux, médiathèques, salles de spectacles, universités, lycées, écoles rurales, centres de PMI ruraux, infrastructures de recherches scientifique, transport et télécommunications. Elle doit constituer une impulsion à la création d’industries industrialisantes par des entrepreneurs nationaux, notamment grâce à la mise en place d’une banque nationale pour le développement industriel, d’un réseau de banques régionales de développement agricole et d’agences régionales d’aide à la création et reprise d’entreprises.

Dans une telle perspective, le fait d’augmenter considérablement la masse monétaire revient à distribuer d’importantes capacités de consommation et d’investissement aux agents économiques nationaux ; soit autant de possibilités de croissance du volume et de la valeur des transactions de biens et services [3]. Toutefois, pour que cette politique vigoureuse d’interventionnisme public soit pleinement efficace, encore faut-il juguler fermement l’évasion monétaire organisée par « la libre transférabilité » des avoirs entre l’UEMOA et l’Union Européenne. Cette disposition a pour seul but d’encourager le rapatriement vers la zone €uro des profits et épargnes réalisés en UEMOA par les opérateurs économiques européens ou étrangers. Elle favorise également l’évasion des deniers publics à cause de la corruption des élites locales par lesdits opérateurs, entre autres.

Or, une économie qui ne retient pas en son propre sein, sous forme de consommation et investissement, une part prépondérante des épargne et revenus qu’elle crée, fonctionne comme un « panier percé » : un simple espace-temps de création-transit des richesses économiques au bénéfice d’autres destinations du monde, et au détriment des citoyens nationaux. L’ « accumulation primitive », qui est une condition préalable à tout processus durable d’industrialisation, exige l’abolition urgente du franc CFA, et d’abord de ses ruineux corollaires, la « libre transférabilité » et la « garantie illimitée ».

Par KLAH Popo

NOTES

[1] Joseph Tchundjang Pouemi, Monnaie, servitude et liberté – La répression monétaire de l’Afrique, éd. Menaibuc, 2000, p.91 : « […] jusqu’en 1961, en effet, la masse monétaire [des EUA], au sens où nous l’avons définie, varie de l’ordre de 1% par an en moyenne, passant de 130.7 milliards en 1953 à 151.4 milliards en 1961, soit un accroissement de 20 milliards en huit ans. Cette même masse passe de 151.4 milliards en 1961 à 175.9 milliards en 1965, soit un accroissement de 25 milliards en quatre ans : l’expansion monétaire a soutenu la croissance économique américaine qui a caractérisé la première moitié des années soixante. »

[2] Par exemple, un village de 3000 habitants recevrait 300 millions d’investissements publics, tandis qu’une grosse commune rurale de 10000 habitants se verrait financer pour 1 milliard de francs CFA de biens et services collectifs. Ce gigantesque effort d’investissement public en zone rurale viendrait stopper la déruralisation, tout en comblant des décennies de désengagement public dans les régions rurales, généralement exclues du partage des richesses nationales qu’elle contribuent tant à produire en Afrique sous-industrialisée. Chaque année, les 500 villages pourraient être choisis en raison de 100 respectivement au Centre, Sud, Nord, Est et Ouest. Cela suppose une totale mise à jour des données cartographiques nationales, et une connaissance méticuleuse des principales caractéristiques de la géographie humaine du pays.

[3] Cela relève d’une des conséquences prévisibles de l’équation M*V = P*T, où M est la masse monétaire, V sa vitesse de circulation, T le volume des transactions de biens et services, et P le système de prix de ces transactions. En effet, lorsque M, la masse monétaire est augmentée très sensiblement par de la création monétaire publique, même à vitesse constante, a fortiori si celle-ci augmente aussi (ce qui est plus que probable), la quantité P*T augmente nécessairement. Bien entendu, les prix P ont une forte tendance à augmenter en vue d’absorber la croissance de la masse monétaire. Mais, si l’injection de crédit par l’Etat se fait davantage sous forme d’investissements productifs, comme ici suggéré, plutôt que par des dépenses somptuaires sans grande utilité, alors ce sont surtout les volumes de transactions de biens et services qui connaissent une véritable expansion, grâce à l’accroissement progressif de la production nationale.

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